Médecine douce pour temps difficiles

La luminothérapie et le millepertuis ont fait leurs preuves contre certaines formes de dépression

Plantes médicinales, yoga, luminothérapie, vitamines, nutraceutiques, la liste des produits naturels et des thérapies alternatives qui s'offrent aux personnes déprimées allonge sans cesse. La psychiatre Marie-Josée Filteau, membre du Centre de recherche Université Laval Robert-Giffard et professeure de clinique à la Faculté de médecine, et ses collègues du Canadian Network for Mood and Anxiety Treatments, ont fait le grand ménage de cette pharmacopée afin d'aider les professionnels de la santé et la population à y voir plus clair.
   
Pour séparer le bon grain de l'ivraie, ils ont passé en revue toutes les études fiables portant sur ces thérapies qui ont été publiées entre le 1er janvier 2000 et le 31 décembre 2008. Le fruit de leur analyse, qui paraît dans un récent numéro du Journal of Affective Disorders, réduit à une très courte liste les thérapies alternatives qui ont démontré leur efficacité dans le cadre d'études rigoureuses menées dans le respect des règles de la méthode scientifique.
   
Parmi celles-ci, la luminothérapie s'est révélée clairement efficace pour le traitement de la dépression saisonnière. Une exposition quotidienne d'une trentaine de minutes à la lumière d'une lampe spécialement conçue à cette fin — elle émet environ 10 000 lux, alors que l'éclairage artificiel d'une pièce normale est de 200 lux — produit des effets notables après une à trois semaines chez les personnes dont le moral est sérieusement affecté par le retour des courtes journées de fin d'année. Du côté des plantes médicinales, des données probantes appuient l'usage du millepertuis sous forme de comprimés comme traitement principal contre la dépression légère ou modérée. Le millepertuis serait aussi efficace comme traitement complémentaire dans les cas de dépression majeure. Il faut toutefois se méfier des interactions possibles entre le millepertuis et certains médicaments, notamment des anticoagulants, des antibiotiques et des contraceptifs oraux, préviennent les auteurs de l'étude synthèse.
   
Par ailleurs, l'exercice physique, le yoga, les oméga-3 et le SAM-e (nom commercial d'un supplément composé de S-adénosyl-L-méthionine) ont aussi démontré certains effets positifs contre la dépression, mais pour diverses raisons, on devrait y avoir recours comme traitements complémentaires seulement. Curieusement, la restriction de sommeil — un traitement qui consiste à rester éveillé pendant 40 heures d'affilée ou à ne dormir que 3 à 4 heures par nuit pendant une certaine période — produit des effets rapides sur l'humeur. Comme ces effets s'estompent dès le retour aux nuits normales et qu'il faut répéter ce traitement régulièrement, on peut difficilement y avoir recours à moyen ou à long terme. Enfin, les preuves soutenant l'efficacité de la DHEA, de l'acide folique (vitamine B9), du tryptophane (un précurseur de la sérotonine, l'hormone du bien-être) ou des autres nutraceutiques ou plantes médicinales sont minces ou absentes dans les cas de dépression.
   
Bien que certaines thérapies alternatives aient du potentiel dans le traitement de la dépression, les auteurs estiment que les variations dans la qualité des produits ainsi que le manque de données sur leurs effets à long terme et sur leurs interactions potentielles avec les médicaments freinent encore leur utilisation dans un contexte médical.


Par Jean Haman, le journal de la communauté universitaire, paru le 12 novembre 2009

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